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Madeleine de Montalia

Madeleine est debout devant son miroir et ce qu’elle y voit ne lui plaît pas vraiment. Pour se remonter le moral, elle attrape une gousse d’ail et croque dedans à pleines dents. C’est son seul défaut, son péché mignon : elle bouffe de l’ail à longueur de temps ! Elle serait capable de faire des kilomètres en rampant dans le sable du désert si au bout il y avait une caisse remplie de gousses d’ail !
Le parfum enivrant la calme un peu. Elle se drape majestueusement dans le suaire qu’elle porte autour de son corps malingre et se pavane en prenant des pauses dramatiques. Si le miroir Était doué de raison, à ne pas douter qu’il serait en train de se gondoler de rire ... Heureusement pour lui, c’est une matière inerte et aussi stupide qu’une limace en train de s’Évertuer à traverser une autoroute.
Bref, en cette soirée de Noël, Madeleine de Montalia, Reine du Grand Rien, morte-vivante de son État, est satisfaite : elle a enfin pris une décision qui, croit-elle, va changer sa vie. Elle se détourne de son image et braille :
- Envoyez-moi ma GP !
Aussitôt dit, aussitôt fait : une Goule Postale se matérialise dans le bureau de sa Grandeur. Celle-ci lui tient ce discours fait de petits riens :
- Moi, Reine du Grand Rien, ai décidé de me présenter au concours de Miss Daifen !!!
La GP la regarde d’un air stupéfait puis éclate de rire en se tenant les côtes qu’elle a d’ailleurs très saillantes :
- Vous ? Mais personne ne vous connaît ! hoquette-t-elle ...
- Justement, lui rétorque la Reine, comme ça, tout le monde saura qui je suis.
- Vous n’avez aucune chance, vous êtes moche !
- Justement, c’est pas la beauté qui compte, ma chère, c’est ce qu’il y a en dessous !
- Ben va falloir drôlement gratter, alors !
La Reine du Grand Rien n’est pas patiente : elle attrape la GP par le col et la secoue un peu tout en lui soufflant une haleine carabinée au nez :
- C’est quoi ton boulot ? Porter des messages, non ? Alors tu vas gentiment faire ce que tu sais le mieux faire si tu ne veux pas que je te fasse avaler ton dentier, pigé ?
La GP fait oui de la tête. Madeleine la laisse retomber et continue sur sa lancée :
- Voila. Tu diras au responsable de ce concours que je m’appelle Madeleine de Montalia, que je ne suis pas belle, que je n’ai pas de charme, que je ne suis pas féminine pour deux sous mais que j’adore foncer dans le tas la goule pleine d’ail, que j’adore tailler les oreilles de mes ennemis en pointe et que je ne m’embarrasse pas de fioritures diplomatiques ! Maintenant si les autres concurrentes veulent se shampouiner et se cocotter, pas de risque avec moi : je suis pas du style à me pavaner dans une robe à volants et bas jarretière pour épater la galerie. Je cogne tout ce qui se présente devant moi ... Bon, j’avoue que je n’ai pas encore fait de miracle parce que y’a toujours un crétin pour envahir mon royaume en traître, mais j’aime ça ! (L’ail surtout et la baston, pas les miracles, Évidemment !)
La GP regarde Madeleine avec de grands yeux incrédules puis sort de la pièce en haussant les épaules ...
Quant à Madeleine, elle reprend une gousse d’ail et lui fait subir le même sort que la précédente. Au milieu des arômes puissants qui se dégagent de sa bouche, elle sourit à l’image que lui renvoie son miroir toujours aussi expressif qu’un caillou en haut du col du Galibier (La limace s’est faite écraser, comme vous pouviez vous en douter !) :
- Cool, se dit-elle, y’a p’têt des gens qui vont voter pour moi !
Et ravie à cette idée, elle se prépare pour aller réveillonner avec les autres morts-vivants qui hantent le coin.