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CERBÈRE

Il ne m'avait pas donné rendez vous en fin de soirée, non. Cela m'étonnait un peu d'ailleurs, nous étions en milieu d'après-midi, et bien que le soleil eut été présent au dessus de cette plaine au milieu de la forêt où se situaient le manoir et le village du comte, on sentait que l'hiver approchait. Un vent froid parcourait les terres de l'oubli, le royaume du comte, et le soleil ne tarderait plus à s'en aller dormir, les journées se faisaient de plus en plus brèves.
Malgré ce froid et les grande portes du manoir constamment ouvertes, dans cet immense salon qui devait prendre la moitié du rez-de-chaussée du manoir il faisait bon. La cheminé, bien que moyenne réussissait à repousser tout air glacial de dehors. Et c'est justement devant cette cheminée que m'attendait le comte de l'oubli. La petite créature qui m'avait montré le chemin était à présent sortie en refermant les portes du salon, me laissant seul avec cet étrange personnage dont je devais en apprendre plus.
Il me tournait le dos, faisant face à l'âtre de l'autre côté de la pièce. Il faisait encore jour, aussi pouvais-je voir nettement cette grande silhouette vêtue d'une immense cape noire, surmontée d'une immense capuche tout aussi sombre.
Il se retourna, me demandant de prendre place dans un fauteuil près de l'âtre et attendit que je m'asseye pour faire de même. Je l'avais en face de moi, ni trop loin, ni trop près. Je pouvais à présent mieux le distinguer.
Son immense capuche lui couvrait le crâne et ne nous permettait de distinguer seulement le bas de son visage. Un nez fin, la peau blanche, très blanche, des lèvres dures et immobiles, un menton carré laissant deviner un visage froid, mais fin. Il me sembla distinguer une marque sur une joue. Il était assis les jambes légèrement écartées laissant une place à la canne blanche sur laquelle reposaient ses deux mains, elles-mêmes recouvertes par la cape.
Un silence s'installa où chacun jugeait l'autre. Il fut le premier à le briser :

- Bien, je pense que vous n'êtes pas ici pour un échange de silence. Alors si vous voulez bien prendre la peine de commencer.

Il n'avait pas été froid, mais son ton poussait à ne pas désobéir.

- Hum...commençais-je. Tout d'abord, je voudrais vous demander d'écouter mes questions en entier avant d'y répondre, et même si vous ne souhaitez pas y répondre.

Aucune réponse.

- Hum...continuais-je, allons y, alors.

Et l'échange débuta.

* * * * * * *

- Tout d'abord, je suis actuellement l'élève d'un chercheur en histoire de Daifen, et je vous ai demandé de m'accorder ce face à face afin d'approfondir mes recherches sur les tueurs à gages de Daifen, et vous particulièrement, puisque vous êtes un des seuls à porter ce titre encore sur ces terres, si ce n'est le seul. Pourquoi, après avoir refusé, un bon nombre d'entretien avec d'autres, avez-vous acceptez ma proposition ?
     - Je me fais vieux, peut-être un coup de folie. Non, honnêtement, je pense qu'il est temps que j'accepte un entretien, pour que les autres cessent de m'en demander et puissent avoir tout de même des informations. Vous me sembliez franc et votre but me semblait une bonne solution afin de répondre à toutes les autres demandes.

- Bien, vous vous nommez Dakeyras Dat Narumyr, aussi connu sous le nom de Cerbère.
     - Oui...
- Vous êtes âgé d'un peu plus de 50 ans, sur l'échelle d'un monde parallèle à Daifen.
     - Je n'en sais absolument rien, mais je commence à ne plus être jeune, si c'est cela votre question. (Ses lèvres semblent dessiner un léger sourire)
- Cela fait plus de 300 lunes que vous parcourrez les terres de Daifen.
     - Plus de 350, je crois.
- On vous présent comme le Comte de l'Oubli, tueur à gages, ancien mercenaire, fondateur et actuel dirigeant de La Garde.
     - C'est exact.

- Bien, je vais revenir sur certains points. On dit que votre surnom est dû à un combat contre trois hommes. On rapporte qu'ils vous ont vu chacun au même moment les désarmer et les neutraliser. Est-ce là la réelle origine ?
     - Si je me souviens bien c'est cela. Vous semblez vous y connaître à mon sujet, et plus que moi. (Il sourit un peu plus franchement). Je suis resté longtemps un jeune homme sans nom, je suis devenu mercenaire entre temps, mais un mercenaire sans nom était difficile à contacter, quoiqu'on m'ait longtemps appelé "L'étranger". Et ce surnom est tombé un soir dans une petite taverne. Le mercenaire avait à présent un nom.

- C'était là les premières traces de ce don que vous appellerez "l'âme" ?
     - Oui. Je n'en étais pas encore conscient à cette époque. Ce n'est que bien plus tard, sur les terres de Daifen, qu'elle s'est déclarée.

- Pouvez-vous nous parler un peu plus de ce que vous appelez le don ?
     - Eh bien. C'est dans un combat sur ses terres que l'âme s'est manifestée. Et après un certain temps de duel entre elle et moi, j'ai réussi à la maîtriser.

- Concrètement, comment définiriez vous ce don, cette âme ?
     - C'est la capacité de l'augmentation de ma vitesse de déplacement que mon âme semblait avoir acquis depuis longtemps et que mon corps a dû apprendre.

- Ainsi, il est vrai que vous arrivez à vous déplacer à une vitesse telle qu'un œil humain, elfe, orc ou même nain ne peut le voir.
     - C'est à peu près cela, mais il y a des règles. Et puis depuis l'incident qui m'a coupé la mobilité de ma jambe droite, les règles ont quelques peu changé et sont devenu plus restreintes dirons nous.

- D'où l'utilisation de cette canne blanche ?
     - Oui.

- Hum...racontez-moi la raison de votre venu sur les terres de Daifen et les conséquences.
     - Je vais survoler car je sais que mon scribe a déjà écrit là dessus et donc que vous en connaissez beaucoup. C'est un exil et en même temps une mission qui m'a poussée à venir sur ces terres. J'étais recherché par une armée et je devais tuer celui que l'on disait mon père. Je suis devenu goule par l'erreur d'un alchimiste vampire débutant, Sieur Loken. Un changement incomplet ou bien plus que complet m'a permis de garder ma conscience d'humain et de prendre le corps, la soif et les pouvoirs d'une goule. Et en tant que goule j'ai découvert le royaume où nous sommes actuellement. Puis la fin de ma mission est arrivée un jour. Mon ancienne garde de mercenaire faisait des missions à mon compte. Et notre dernière mission devait être celle pour laquelle j'étais venu sur les terres de Daifen. J'ai exécuté convenablement ma mission, mes hommes sont morts et je suis rentré chez le Consul Celimbrimbor pour une seconde expérience mais cette fois d'un alchimiste un peu plus expérimenté. Mon corps est redevenu humain, mais le consul n'a pu détruire la goule. Il l'a emprisonnée en moi grâce à certaines runes qui aujourd'hui parcourent mon corps. Je me suis réveillé humain, alors que je souhaitais simplement mourir. Et nous voilà aujourd'hui, je ne suis plus si jeune, mais une nouvelle garde est née et je regarde Daifen vivre au fil de ses battements de cœur.

- Est-il vrai que malgré votre réussite et le respect que l'on vous porte vous gardiez une étroite relation avec l'alcool, le W particulièrement ?
     - Parfois les rumeurs sont bien là où elles sont, en simple rumeurs.

- On raconte que vous allez vous présenter à l'élection de mister Daifen 2008.
     - Et bien après plus de 350 lunes sur ses terres, je me dis que c'est le bon moment pour me présenter. La première et la dernière chance, alors pourquoi ne pas essayer.

- Une dernière question, comment comptez vous vous présenter ?
     - Grace à vous et ce qui ressortira de cet échange.

(Il sourit d'amusement et moi de surprise)

* * * * * * *

Terry Logd, apprenti historien.